page en construction
Nous connaissons le type de pêche à l'anguille sous la forme de nasse-barrage pincipalement à Sainte-Eulalie sur le canal de la Taffarde et à Mimizan près de la sortie du lac.
A Biscarrosse, avant le creusement du canal littoral des landes en 1834, le lac de Sanguinet se déversait dans les marais par un ruisseau appelé canal commun.
Chaque propriétaire creusait des canaux secondaires et installait des barrages équipés de filets appelés nasses afin de capturer les anguilles.
A Sanguinet, il n'y avait pas de canaux, mais un lac supérieur, aboutissement de la longue migration des anguilles.
Les habitants de Sanguinet ont dû inventer un procédé original dont les premières traces remontent au début du XIX siècle.
Chaque propriétaire qui fera la pêche en bateau aura le droit de construire à ses frais dans l'étang communal, des nasses et en jouira pendant le temps mentionné...
A la fin de la concession, les dites nasses qui seront construites resteront au profit de la Commune.
Chaque pêcheur aura le droit de faire toute espèce de pêche dans ledit étang comme il est établi dans l'ancien bail, sauf les trois "nasses" qui existent.
Les premières adjudications de pêche sont signalées en 1816 et ont lieu tous les ans puis tous les 5 ans à partir de 1818.
A partir de 1906, les enchères se faisaient à l'extinction de trois feux successifs de bougie, la mise à prix et la surenchère étant fixées d'avance par la Municipalité.
Sur les registres de 1906, les nasses sont numérotées. 17 sont mentionnées en 1911.
12 , du coté nord, en partant de l'embouchure de la Gourgue vers le camp de Cazaux.
Les tuiles,
le chourt (= le sourd),
Cabougnon,
les Tchirpots, ( = les petits crapauds)
les Abeilles,
les Chênes,
les Tchirps ( = les crapauds) appelée aussi de Caton,
Broustaric ( = endroit broussailleux) appelée aussi la Baste (= buisson),
Broustot ( appelée aussi Nassot = petite nasse),
la Brouste ( = refuge en branchage pour le poisson),
les Corps (cormorans),
les Pioous ( = la butte, dune),
05, du coté sud, en partant de l'embouchure de la Gourgue vers la Craste Bille:
Blanquotte ( un peu blanche à cause du haut fond),
le Pavillon,
l'Estey (estuaire petit chenal)
la Grande Nasse ( appelée aussi les Matocs = les mottes)
Seguetiou ( appelée aussi les Berns = vergnes)
En 1920, on trouve 2 nouvelles nasses sur la partie sud. : le Nena et le Boulaou.
En 1933, apparaissent : la Grande Pièce ( en face de l'avenue Charles Castets) - les Bardets.
En 1945, il y a toujours 20 nasses proposées à l'adjudication
En 1950, la nasse du Pavillon disparaît dans l'aménagement de la plage.
En 1961, quatre nouvelles disparitions pour création de plages ( les Tuiles, les Abeilles, les Tchirps, la Grande Pièce) et une pour abandon ( Seguetiou)
En 1963, il reste 11 nasses en état de fonctionner - en 1973, huit - en 1977 cinq.
En 1979, six nasses sont affermées : les Corps, les Tchirpots, les Bardets, l'Estey, les Matocs, - la sixième (Seguetiou) ayant été refaite entièrement.
La nasse des Pioous, ensablée, ne comporte plus qu'un filet sur trois.
La loi Pêche du 29 juin 1984 mettait fin à une tradition vieille 'au moins 150 ans .
LE BATI FIXE - perpendiculaire au rivage
sorte de digue qui dirige l'anguille en mouvement vers le filet
Il est fait avec des fagots de brande tassés sur le fond, retenus entre deux alignements de piquets et maintenus par des liens transversaux : "endortes" en osier ou en chêne ( ensuite par des liteaux pointés )
Sa hauteur 50 à 60 centimètres
Sa largeur 40 centimètres
Sa longueur 50 ( pour 2 filets) à 100 mètres (pour 4 filets)
Tous les 25 mètres environ, le bâti de brande est interrompu.
De part et d'autre apparaît une aile de 5 à 6 mètres de long, semblable au bâti, inclinée à 40 degrés environ sur l'axe de celui-ci.
Les extrémités proximales des ailes sont séparées du bâti par un goulet de 20 à 25 cm qui permettra aux anguilles de se diriger vers l'entrée du filet, maintenue béante par un cadre qui coulisse dans la feuillure de deux piquets: "bertaouléyres" plantés en bout des ailes.
La deuxième travée part du milieu de l'aile située à l'ouest de l'axe principal, et ainsi de suite; de cette façon, le filet en place se trouve à l'abri des vents dominants de l'ouest, nord-ouest.
A proximité du goulet, se trouvent également deux piquets : l'un "tennelhe" fixe le filet au fond et le garde bien tendu, l'autre "bire" sert à amarrer et à caler le bateau au moment de lever ou de tendre le filet.
Le rôle de la brande est de faire un barrage élastique et perméable laissant filtrer l'eau, qui absorbe en partie la poussée de la houle et qui guide l'anguille vers le goulet.
Ce barrage crée entre le bâti et les ailes, un courant dirigé de la terre vers le large, courant qui sera suivi par le poisson
LES FILETS MOBILES
levés et tendus à volonté grâce à un cadre en bois qui se solidarise au bâti
Ce sont des cylindres de 25 à 30 cm de diamètre et de 3 m de long présentant une antrée "banéyraou" maintenues en carré ou rectangle par un cadre en bois de 65 à 80 cm d'ouverture et d'une extrémité terminée par un lien coulissant "coudelhe"
La partie cylindrique du filet est maintenue béante par 8 cerceaux en bourdaine ( puis en plastique) régulièrement espacés. A L'intérieur du cylindre se trouvent 2 cônes "culéts" en filet, également tendus par des liens, dont le rôle est d'empêcher le retour du poisson captif.
L'orifice de sortie du deuxième "culét" est calibré à 40 mm environ.
La maille étaient autrefois en coton et pour en retarder leur pourrissement par séjour prolongé dans l'eau, il était nécessaire de les "lever" tous les jours; après avoir séché toute la journée, suspendus aux "bertaouléyres" longs piquets qui maintiennent la cadre en place, ils étaient de nouveau tendus le soir.
Leur durée d'usage était dans ces conditions d'une année environ.
Après l'apparition du nylon, le "nassayre" pouvait laisser ses filets plusieurs jours dans l'eau sans dommage et l'opération quotidienne du séchage n'est plus nécessaire.
LA PECHE
La période habituelle de pêche aux anguilles va d'octobre à début mai, saison du pollen où le rendement diminue.
Selon les conditions atmosphériques, ce peuvent être aussi bien les mois de november que ceux de janvier ou février qui donnent les meilleurs résultats; mais de toute manière, c'est en période de lune noire que se font les meilleures prises.
Le meilleur vent de pêche est celui du sud-ouest avec un étang agité, mais sans tempête, lorque la vague est ourlée d'écume: la "lame blanche" est un bon présage.
Lever les nasses n'était pas toujours chose aisée, et certains jours de gros temps et de bonne pêche, il valait mieux être deux pour remonter les 50 kg entassés dans certains filets.
Suivant la direction des vents, on commençait à lever les nasses à terre ou au large, toujours de façon à avoir le vent dans le dos et éviter de lutter contre lui.
Le bateau utilisé était pointu aux deux extrémités et avait un fond plat.
La gaffe était l'instrument de navigation privilégié.
Pour libérer le poisson, on saisissait les arceaux successivement en partant du cadre vers l'estrémité du filet, tout en secouant celui-ci; ainsi, le poisson se rassemblait au fond du filet; il restait à dénouer le lien terminal et la prise tombait dans le bateau.
" Dap les anguilles, me pagui un porc " avec les anguilles, je me paie un porc disait un jour un "nassayre"
Les expéditions se faisaient par chemin de fer ( gare de Caudos)
Les destinataires étaient généralement des grossistes des Halles de Paris.b
Vu les actes du colloque: Le Littoral gascon et son arrière-pays (octobre 1990) réalisé par la Société Archéologique d'Arcachon auquel a participé le Cress avec les communications suivantes :
- la pêche à la nasse dans le lac de Sanguinet ( monique Brot et Jean Pierre Dubos)
- Evolution des lacs aquitaines : exemple du lac de Sanguinet ( René Lalanne)
Les pirogues du lac de Sanguinet ( Bernard Maurin et Bernard Dubos)